Amtoudi et le grenier d’Id Aissa

Oasis d’Id Aïssa et Amtoudi

Blotti au creux de la charmante oasis d’Id Aïssa, Amtoudi est un petit village cerclé de falaises imposantes et dominé par deux igoudar historiques. Près de 300 familles, vivant principalement d’agriculture, habitent le village. Les palmiers, figuiers, amandiers, abricotiers, oliviers et orangers côtoient des petits champs de maïs et d’orge et les jardins potagers.

La présence de l’homme dans la région remonterait à plus de 10 000 ans avant notre ère comme en témoignent les frises de gravures rupestres où figurent girafes et éléphants. Mais c’est au XIIe siècle que les premières populations se sédentarisèrent et construisirent les greniers fortifiés appelés « agadir » ou « igoudar » au pluriel.

Agadir d’Id Aïssa

Un agadir est un grenier collectif fortifié, avec des tours de guet pour surveiller toutes tentatives d’intrusions, comme une citadelle défensive surplombant une vallée du haut de son piton rocheux.

La fonction d’un agadir consistait à stocker et protéger les récoltes du village et également les richesses. Il n’appartenait à personne en particulier, mais la décision de sa construction était décidée par une assemblée de représentants de la tribu, d’un clan ou d’un groupe de familles. Afin d’avoir le droit de stocker ses biens, chaque famille participait à la construction du grenier collectif. Les habitants pouvaient ainsi s’y mettre à l’abri et se défendre en cas d’attaque.

Du haut de son piton rocheux, l’agadir Id Aïssa est une merveille d’architecture défensive. Contrairement aux ksour du Sud marocain, l’agadir est édifié avec des pierres, des tuiles et de la terre. La vue à 360° sur les versants sud de l’Anti-Atlas et les prémices des zones sahariennes y est particulièrement époustouflante.

Sur les 73 cellules le composant, la plupart étaient attribuées aux familles d’Amtoudi et quelques-unes étaient réservées à un groupe tribal d’Ifrane de l’Anti-Atlas, à 66 km du village. L’attribution d’une cellule est définitive et se transmet de génération en génération ; il était cependant possible de céder sa cellule à un tiers.

Les cellules, ou chambres, de taille identique, sont aménagées en fonction des goûts et des moyens de chacun, elles sont ainsi toutes différentes les unes des autres.

Utilisation collective et défensive

Les biens de la communauté étaient entreposés dans un espace prévu au rez-de-chaussée. L’agadir d’Id Aïssa comportait 3 citernes de récupération d’eau, dont nous distinguons encore les petites séguias chargées de récolter l’eau.

Une petite place faisait office de souk où le troc de denrées et ustensiles s’effectuait entre les familles. L’agadir étant un lieu de vie, une salle de prière et une cuisine étaient aménagées. Il était protégé par trois tours de garde et deux portes défensives en plus de la porte principale.

Quand il y avait une guerre tribale assortie de razzias, toute la population montait se protéger à l’agadir. On emportait également le bétail pour l’abriter des convoitises ennemies. Cet agadir est à seulement 30 min d’ascension au départ du village d’Amtoudi et est également accessible à dos d’âne.

Un petit peu plus loin, à 1h30 de marche uniquement, l’agadir d’Aglouy vaut également le détour. Un droit d’entrée de 15 Dh (1,50€) est demandé pour chaque agadir.

Guelta

C’est une particularité commune aux milieux secs et aux zones sahariennes, formée par une dépression retenant l’eau après le passage d’une crue ou alimentée par des sources.

La guelta d’Amtoudi, d’une eau transparente et cernée de hautes parois de calcaire, serpente dans une impressionnante faille de l’Anti-Atlas sur un parcours de près de 200 mètres. Elle peut atteindre une profondeur de 2 mètres par endroits. Elle est à 1h30 de marche par le canyon depuis le village.

En 1 journée, il est possible d’effectuer la boucle des 2 greniers et de la guelta avec un déjeuner pique-nique dans le canyon ou, au choix, les pieds dans l’eau. Compter 200 Dh pour les services d’un guide.